Tony Gatlif

Par Mustapha Boutadjine - Paris 2010 - Graphisme-collage, 130 x 95 cm

Le vent salé de la Méditerranée

Par Mehdi Lallaoui Cinéaste

Et si c’était un cheval ?
Ce ne serait certainement pas un pur-sang, ces chevaux de soie élevés en batterie pour le bon plaisir des riches. Ce serait plutôt un cheval à robe grise avec parfois des taches noires à l’encolure comme ceux qui vivent libres en Camargue, au vent salé de Méditerranée.
Et si c’était un oiseau ?
Ce ne serait certainement pas un prédateur, de ceux qui tournent longtemps à l’ombre des nuages pour fondre sur leur proie inconsciente. Ce serait plutôt un aigle dans un ciel azuréen dont les yeux seraient des caméras et qui longtemps regarderaient avant de saisir la vie. Saisir la vie non pour l’enlever mais pour la mettre en partage.
Et si c’était un meuble ?
Je doute que ce soit une armoire normande, bien que j’aie de nombreux amis dans cette contrée…Je pense que ce serait plutôt une méridienne car rien que ce mot est déjà un voyage.
Et si c’était une déclaration ?
Ce ne serait probablement pas un panégyrique de ceux énoncés pour un fidèle collaborateur de bureau à la veille de sa retraite. Ce serait plutôt une harangue telle celle d’un communard sur sa barricade face aux puissants qui empêchent un monde meilleur.
Et si c’était quelques mots ?
Ce ne serait absolument pas une lettre recommandée avec accusé de réception. Ce serait peut-être un poème comme perçu tout au long de son œuvre cinématographique. Un long poème d’amour et de vie. Un poème pour chaque film, toujours renouvelé.

Le cinéaste que nous évoquons ci-dessus se nomme Tony Gatlif (né Michel Boualem Dahmani). Il est né le 10 septembre 1948 à Alger d’un père kabyle et d’une mère gitane. Il arrive en France en 1960 durant la guerre d’Algérie. À partir des années 1970, il se lance dans une carrière artistique d’auteur, scénariste, acteur et réalisateur. On lui doit plus de vingt films dont notamment : La Tête en ruine (1975), Rue du Départ (1985), Latcho Drom (1993), Gadjo dilo (1997), Exils (2005) et tout récemment Géronimo (2014).

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