Le groove libertaire
Par Rabah Mezouane Journaliste et critique musical
Cas original dans le paysage musical français, Rachid Taha échappe à toutes les étiquettes – et en premier lieu à celle de chanteur « world ». Ni cheb du raï, ni artisan du chaâbi, ni rocker destroy, ni technoïde platiné… mais tout cela à la fois, et surtout lui-même.
Avec de solides références et un discours qui tient la route.
Cofondateur en 1981 du fameux groupe Carte de Séjour, ce natif de l’Oranais, berceau du raï, y jette les bases d’un rock arabe illuminé par des fragments de « raïté ». Héros avec Khaled et Faudel du légendaire concert « 1, 2, 3 Soleil » qui rassembla en 1998, à Bercy, plus de seize mille spectateurs, Rachid Taha s’est frotté depuis à bien d’autres styles, comme la techno. Et a imposé sa marque avec la reprise d’anciens succès chaâbi, amorçant le début d’une reconnaissance à ce qu’il a nommé « la culture de l’exil », celle des immigrés de la première génération. Son album Diwân (1998) compile des compositions de Dahmane El Harrachi, Hadj El Anka, Akli Yahyaten, Nass El Ghiwane et Farid El Atrache.
D’autres albums suivront, dont le très remarqué Tékitoi (2004) et son Rock el Casbah, reprise du Rock the Casbah des Clash, et Bonjour (2009), son avant-dernier album solo, en collaboration avec Gaëtan Roussel des Louise Attaque. Son tout dernier, Zoom, arrangé par Justin Adams, est, sans doute l’opus le plus abouti de sa carrière, On l’aura compris : Rachid Taha ne repasse jamais les plats. Avec, à la clé, une saveur et un plaisir toujours renouvelés…