Combattant de la libération
Par Mohamed Rebah Historien
Jean Ferrugia est né en 1916, à Bab-el-Oued, dans une famille d’immigrés venue de l’île de Malte, chassée par la misère. Enfant, il apprend le métier de plombier. Il tiendra plus tard un atelier de plomberie-zinguerie à la rue Burdeau dans un quartier bourgeois d’Alger.
Dans les années 1930, il adhère au Mouvement des jeunesses communistes d’Algérie (JCA), très actif dans le quartier populaire de Bab-el-Oued. Avec ses camarades Victor Marin, Alexandre Valéro et Gaby Palacio, il participe à la vente à la criée de l’organe des communistes algériens, La Lutte sociale.
En 1939, il s’engage dans la lutte anti-hitlérienne en France et à la suite de la débâcle de juin 1940, il se rend en Suisse avec son unité qui s’était repliée derrière la frontière. Interné, il s’évade et rejoint la résistance intérieure.
En 1941, il est arrêté par la police de Vichy. Condamné à vingt ans de travaux forcés, il est incarcéré à la prison d’Eysses (Lot-et-Garonne) où, au mois de février 1944, il prend une part active à la mutinerie des prisonniers. Le 30 mai suivant, il est parmi les 1 121 prisonniers remis à la division SS Das Reich et déportés au camp de concentration de Dachau, en Allemagne, d’où il sort le 29 avril 1945, à la libération du camp.
De retour à Alger, il est élu conseiller municipal à la mairie d’Alger sur la liste « France combattante » conduite par le général Tubert. À Bab-el-Oued, chaque dimanche, il participe à la vente à la criée de Liberté, organe du Parti communiste algérien (PCA). D’un dynamisme extraordinaire, servi par une remarquable force physique, il prête main-forte à ses camarades de la CGT lors des grèves.
Membre des Combattants de la Libération (CDL) – branche armée créée par le PCA au mois de juin 1955 – il prend une part active dans l’acheminement des armes détournées, le 4 avril 1956, par son camarade Henri Maillot. Au mois de novembre 1956, il réalise un coup d’éclat en plaçant dans un camion de la police, à la Rampe Chassériau, en plein centre d’Alger, la deuxième bombe que Fernand Iveton n’avait pu prendre.
Au mois de décembre 1956, il est interné avec des militants communistes au camp de Lodi d’où il tentera de s’évader. En 1957, il est conduit à la prison de Serkadji puis condamné, le 7 décembre de la même année, à la prison à perpétuité, au procès où furent condamnés à la peine capitale Abdelkader et Jacqueline Guerroudj et Taleb Abderrahmane. De la prison de Berrouaghia, il réussit à faire sortir une lettre où il dénonce les conditions inhumaines de détention.
Il meurt dans un accident de voiture dans les années 1970, en France où il s’était retiré.