Un Africain citoyen du monde
Par Chaouki Adjali économiste
Boubaker Adjali (Kapiaça en Angola, Nicolaus Husseini au Mozambique) est né en 1939 à Meskiana, petit village de l’Est algérien. Très jeune, il rejoint le FLN à l’intérieur puis dans la fédération de France. Il fait des études en électricité à Paris et de cinéma à Prague puis rejoint l’Armée de libération nationale (ALN).
Polyglotte, de sensibilité marxiste, Boubaker Adjali commence alors une vie de soutien engagé aux côtés des mouvements de libération d’Afrique et d’Asie. C’est ainsi qu’il écrit et/ou réalise des documentaires : Nous existons, sur la lutte du peuple palestinien (FDPLP) ; Le 23e Cessez-le-feu, sur la guerre au Liban ; île de la crainte, île d’espoir, sur l’invasion de Timor par l’Indonésie et la lutte du Fretilin (Timor Est) ; La Marée se lève, sur l’ANC (Afrique du Sud), choisi par les Nations unies pour circuler à travers le monde durant l’Année contre l’apartheid (1978-1979) ; ainsi que des documentaires sur le Fplog (Oman) et les mouvements de libération africains : le MPLA (Angola), le Frelimo (Mozambique) et le Paigc (Guinée-Bissau). Il réalisera aussi De la terre à la lune !, sur le nouvel ordre économique et les matières premières du tiers-monde (Algérie) et enfin Indépendance et unité, pour le dixième anniversaire de l’OUA.
Parti en 1970 en mission pour le MPLA en Angola, il fut le premier à entrer dans une région jamais encore ouverte aux journalistes avant lui et se retrouva au maquis avec les Angolais en lutte contre l’occupation portugaise. Son livre Va dire à Neto, va leur dire... relate son périple.
Il dira en évaluant le chemin parcouru : « Mon soutien aux luttes de libération a été total, engagé et désintéressé. Il ne provenait pas d’un choix débonnaire ou romantique. Je ne suis pas allé le chercher. Je ne l’ai pas construit. Et s’il fut un choix, conscient et réfléchi, il émanait directement de mon histoire antérieure et d’abord de notre propre guerre de libération où mes engagements s’étaient forgés. Oui, aujourd’hui encore, j’offrirais sans aucune entrave et de la même façon mon plein engagement. Je ne me livre donc pas ici à un examen de conscience, l’esprit trituré par d’éventuels remords. Seul m’anime le désir de laisser la trace de cette expérience et d’inscrire mon regard dans cette histoire africaine, douloureuse, passionnante et si souvent entachée de mensonges, de préjugés, de racisme et d’oubli. »
Boubaker Adjali décède le 14 décembre 2007 à New York. Il est enterré dans le Massachusetts.