La révolution chaleureuse
Par Hortense Assaga Journaliste à Africa 24, « Le Mag »
Parlons d’une révolution. En cette année 1988, la musique est électronique, faite au synthétiseur ou au sampleur. Le 11 juin, à Wembley, un concert est donné pour les soixante-dix ans de Nelson Mandela. Le public entend une voix chaleureuse et forte. La jeune femme s’accompagne à la guitare. Des accords qui feront date. L’artiste s’appelle Tracy Chapman, et elle fait du bien aux oreilles. Entre cette native de Cleveland et la musique, c’est une histoire qui a commencé tôt.
Première guitare à neuf ans. L’âge aussi des premiers textes où elle décrit sa vie. Petite fille noire, américaine, élevée par une mère célibataire qui ne rate jamais la messe.
Vue comme ça, son histoire ressemble à beaucoup d’autres. Mais chez les Chapman, les femmes sont des battantes. Du genre à ne jamais courber l’échine. Boursière, Tracy ira dans les meilleures écoles. Étudiera l’anthropologie et l’histoire de l’Afrique, tout en jouant de la musique dans les bars.
La rencontre avec un producteur amène un album ; qui mène au succès. Puis vient un second disque, et un troisième, et ainsi de suite naissent d’autres tubes.
Il faut dire qu’on a affaire à une grande artiste, au talent avéré. Auteure, compositrice, interprète ; elle est juste. Excelle. Elle est appréciée. Plusieurs fois récompensée par ses pairs et par le public.
L’artiste et la femme ne font qu’une, lorsqu’il s’agit de s’engager en chansons et en actes, pour plus de liberté, d’égalité et de justice sociale.
La vérité, c’est que Tracy Chapman est militante. Au combat. Elle sait de quoi elle parle. N’oublie jamais d’où elle vient. Elle est une de ces figures noires de légende.
Assurément, elle a révolutionné la manière de faire de la musique. Grâce au travail, à l’engagement, aux millions d’albums vendus, à tous les cœurs conquis, elle est devenue une voix qui compte.
C’est de cette révolution-là dont on parle aujourd’hui encore.