Une larme à nos malheurs
Par Fernand Nouvet Journaliste à L’Humanité, décédé le 3 novembre 2013 à Paris
Né à Saint-Pierre de la Martinique le 2 avril 1766, Louis Delgrès est l’une des figures de proue de la période révolutionnaire aux Antilles. Entré dans les milices en qualité de fusilier en 1783, il conquiert ses galons en défendant les îles contre les Anglais. Déporté par l’ennemi, il est débarqué à Saint-Malo et versé au bataillon des Antilles créé à Brest. Il sera capturé durant le siège de l’île de Saint-Vincent et emprisonné en Angleterre. Libéré quelque temps après, il est nommé chef de bataillon et s’embarque pour la Guadeloupe. Pelage le désignera pour commander la garnison de Basse-Terre. En 1802, après une farouche résistance au Matouba, en Guadeloupe, Delgrès et ses hommes préfèrent mourir en faisant exploser la poudrière, tuant plusieurs ennemis, plutôt que redevenir esclaves. De lui, reste cette phrase qui concluait sa proclamation du 10 mai 1802, son dernier cri de l’innocence et du désespoir : « Et toi postérité accorde une larme à nos malheurs et nous mourrons satisfaits. »