Les pieds nus de la Diva
Par Sophie Bouniot Journaliste
Sa voix porte des racines ancrées sur l’île de Saint-Vincent au Cap-Vert. Sa musique, la morna, distille un panachage de fado portugais, de jazz et de mélodies latines. Ses mots racontent la longue et amère histoire de sa lointaine contrée : l’isolement, l’asservissement dû à la colonisation, l’exode de ses compatriotes, la lutte contre la pauvreté…
Quand Cesaria Evora égraine sa mélopée souple sur fond de polyphonies sucrées, perdurent au creux de l’oreille l’imprégnation du grain de sa voix et dans le cœur une envoûtante émotion. Sans conteste, la Diva aux pieds nus incarne la magie d’une enfance misérable, mais finalement heureuse, sublimée par le don de l’expression musicale, un génie somptueusement cultivé au cœur de la saudade capverdienne. L’inflexion de son interprétation trouve une propension à faire un trésor de presque rien, de ce qui est donné par la nature, par la simplicité de la vie. Evora, comme le chantre d’une liberté accomplie dans l’affranchissement.