Le rebelle cubain
Par Salim Lamrani Docteur ès Études ibériques et latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne Maître de conférences à l’Université de La Réunion Journaliste spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis
Le 1er janvier 1959, en renversant la dictature sanguinaire de Fulgencio Batista soutenue par les États-Unis, Fidel Castro est devenu le symbole de la résistance à l’oppression et le défenseur de l’aspiration des pays du Sud à l’indépendance, à la souveraineté et à l’autodétermination. En prenant le pouvoir et en mettant fin à la tutelle étasunienne qui s’était imposée sur l’île telle une chape de plomb pendant plus de soixante ans, il a permis au peuple cubain de réaliser enfin son rêve d’une patrie libre et souveraine, devenant le chantre de la dignité nationale et continentale qui a su s’opposer aux desseins hégémoniques de Washington en Amérique latine. Avec l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir, l’ère du complexe d’infériorité engendré par l’amendement Platt – en vertu duquel il fallait trouver des solutions étasuniennes aux problèmes cubains – était définitivement révolue.
Le prestige de l’ancien guérillero de la Sierra Maestra, rebelle mythique entré de son vivant dans le panthéon des grands libérateurs du continent américain, a dépassé les frontières continentales pour devenir l’archétype de l’anti-impérialisme du XXe siècle et le vecteur d’un message universel d’émancipation. Le président John Kennedy ne s’y était pas trompé :
« Fidel Castro fait partie de l’héritage de Bolívar. Nous aurions dû faire un accueil plus chaleureux au jeune et fougueux rebelle lors de son triomphe. »
Architecte de la souveraineté nationale qui a réalisé le rêve de l’apôtre et héros national José Martí d’une Cuba indépendante, Fidel Castro a redonné sa fierté au peuple de l’île et a fait de son pays le symbole de l’émancipation définitive. Réformateur social, le leader de la révolution cubaine a pris fait et cause pour les humbles et les humiliés et a édifié la société la plus égalitaire de la planète en universalisant l’accès à l’éducation, à la santé, à la culture et au sport. En plaçant l’être humain au centre du projet de la société nouvelle, Fidel Castro a démontré aux yeux du monde qu’il était possible, malgré des ressources très limitées et un état de siège économique imposé par les états-Unis, d’offrir à tous les citoyens un accès à un système de protection sociale digne des nations les plus riches. Internationaliste solidaire, le rebelle cubain a également tendu une main généreuse et désintéressée aux peuples nécessiteux et a placé la solidarité et l’intégration au centre de son action internationale.