Presse

Editorial

Par Ze Belinga Journaliste d’Afrikara

Salut l’artiste ! Et chapeau deux fois plutôt qu’une ! Ta collection « Black is toujours beautiful », inspirée dans sa dénomination par un hommage au slogan année 70 des Black Panthers, ces Africains-Américains militants des droits civiques, touche et fait mouche. Dans le rendu, le concept, et la truculente démarche de profanation païenne des signes-supports des dominations à l’instar du papier, d’appel à un « ailleurs » social. Libéré.
Réussir un projet de création artistique au-delà de la contemplation un peu fumeuse du sexe des anges, par les temps qui courent, temps d’enchères et de marchands peu scrupuleux, sent l’exploit. Si j’ai bien compris, tu t’es dit que « déchirer pour recomposer » était l’essence de la révolution. Alors le diplômé des Beaux-Arts d’Alger, des Arts décoratifs et d’Esthétique côté Sorbonne s’est mis en devoir de pratiquer sa révolte plasticienne.

Et voilà que le puissantissime essai « Les Damnés de la Terre » de Fanon, Monsieur Frantz Fanon, paru alors que tu as 9 ans, offre à l’artiste que tu deviendras, une clé d’entrée en Blackitude combattante. Eh oui ! Tout se tient. Un Antillais, descendant d’esclavisés africains dans les Amériques négrières, anticolonialiste d’élite se bat corps et âmes pour la libération de ton Algérie natale des rets de l’impérialisme droits-de-l’hommisant gaulois. Cela force l’admiration, la fraternisation, la capillarité idéologique.
Et là l’imaginaire s’est déjà jeté dans la recomposition des visages d’émancipation de nègres emblématiques, leur restitution plasticienne, avec cette technique taquine de graphisme-collage, terrain pour toi privilégié de résolution des contradictions sociales, espace aussi de délectation d’un plaisir avoué de destruction créatrice et généreuse. Alors tu déchires du papier, des magazines, luxueux toujours … pour recréer à partir d’une mosaïque rendue disponible pour tous, des figures de libération. De la lacération des objets d’emprisonnement mental à la libération des têtes, des expressions, des humeurs de vie. Palestine, Femmes, Communistes, autant de thèmes que ta contestation passe au crible de sa flamme.
« Black is toujours beautiful » est cette galerie de portraits de Blacks où l’on redécouvre, reconstitués par collages, les Malcom X, « Satchmo » Louis Armstrong, Mohammed Ali, Richard Wright, Luther King, Lumumba, Mandela, Dulcie September, Angela Davis et bien d’autres comme Frantz Fanon. Entre photo, peinture et sculpture, un travail de couleurs plus réaliste que nature revivifie, remémore et commémore des moments, des périodes, une histoire de lutte de libération protéiforme, artistique, littéraire, sportive, culturelle, militante, politique, humaine.

Merci de nous avoir autorisé à présenter à nos visiteurs, les très cultureux et militants karanautes, une contribution de la création plastique au travail de mémoire, à la construction des ponts entre humains, à partir d’une base seule saine, celle de la liberté de chacun protégée par celle de tous.