ETHEL ET JULIUS ROSENBERG

Ethel et Julius Rosenberg

Par Mustapha Boutadjine - Paris 2004 - Graphisme-collage, 100 x 81 cm

Le lynchage électrique

Par Robert Meeropol Fils d’Ethel et Julius Rosenberg Président de The Rosenberg Fund for Children Traduit de l’américain par Bineta Élisabeth Sadji

Mon nom est Robert Meeropol, mais à ma naissance, je m’appelais Robert Rosenberg. En 1950, au plus fort de la guerre froide – j’avais alors trois ans – mes parents biologiques, Julius et Ethel, ont été arrêtés et accusés d’avoir comploté en vue de dérober « le secret de la bombe atomique ». Le 19 juin 1953, ils ont été exécutés par le gouvernement américain. En 1954, mon frère Michael et moi avons été adoptés par Anne et Abel Meeropol. Ce dernier est surtout connu pour avoir composé le texte et la musique de Strange fruit, la célèbre chanson de Billie Holiday dénonçant le lynchage.

J’ai grandi dans la conviction que mes parents biologiques étaient innocents. Nous savons aujourd’hui que mon père a livré des informations militaro-industrielles à l’Union soviétique dans les années quarante, mais que ma mère n’y a pas participé activement. Nous savons également que le gouvernement américain était informé que ni l’un ni l’autre de mes parents n’avaient commis l’acte pour lequel ils ont été exécutés, c’est-à-dire le vol de secrets nucléaires, mais qu’il les a mis à mort malgré tout à une époque où l’antisémitisme et l’anticommunisme étaient particulièrement virulents.

Au cours de la première décennie de ce siècle, je me suis plusieurs fois rendu à Paris pour contribuer à l’édification du mouvement mondial contre la peine de mort et pour parler du cas de mes parents. Au cours de l’un de ces voyages, des amis m’ont emmené dans la galerie de l’artiste-graphiste Mustapha Boutadjine. J’ai été saisi par le collage qu’il a réalisé sur mes parents biologiques. Je me souviens encore qu’en le voyant, je me suis exclamé qu’ils avaient l’air tellement vivants ! Il y a beaucoup de choses à voir dans ce tableau. Comme tant d’œuvres de Mustapha, il forme une unité puissante à un ou deux mètres de distance, mais plus on s’en approche, et plus on découvre d’éléments.